GRAND TOURNOI 6

COMMENTAIRES TECHNIQUES

par Olivier Boudot

   

Le GT6, comme Philippe l'a expliqué, comporte une cinquantaine de mobiles environ. Et encore, nous avons été obligés de "faire le tri", et de nous limiter à des tests en 900 MHz, faute de temps...
Le compte rendu ci-dessous a pour but d'éclairer les test réalisés exclusivement sous l'angle des "performances radio" ; il ne comporte donc pas de digressions relatives aux fonctions propres à chaque mobile.

 

 

Afin de limiter les risques de tomber sur un "mouton noir", nous avons, autant que faire se peut, testé plusieurs exemplaires d'un même modèle, et, dans la quasi-totalité des cas, nous avons également fait des mesures avec chaque mobile plusieurs fois (à la suite, ou bien à des moments différents), et ce, afin d'essayer d'obtenir une "image" la plus fidèle possible du comportement de tous nos bébés ;-).

Il est clair que le plafond de cent tests a été largement crevé... On a même, certainement, dépassé les deux cents.

 

 
 

La quasi-totalité des tests ont été menés en indoor, en "full duplex", c'est à dire que chaque mobile à tester se voyait gratifier d'une SIM Orange, le premier compère (le "testeur souterrain")  appelant alors toujours un même et unique numéro, celui d'une autre SIM Orange, placée "à demeure" dans un R520m TEMS antenne haute performance IAT-10 levée, avec lequel le second compère, installé au rez-de-chaussée, recevait les appels en provenant des mobiles testés depuis la cave. Le premier compère lisait alors un texte de trente secondes, toujours le même. Cet exercice avait pour but de permettre au second compère (celui du rez-de-chaussée) d'évaluer la qualité subjective de chaque communication dans le sens "uplink" (mobile vers station de base), c'est à dire de juger la qualité sonore de la conversation en provenance du mobile situé dans la cave.

Une fois ce texte lu, c'était au tour de celui installé au rez-de-chaussée de sortir son petit laïus de 30 secondes, afin de permettre, cette fois, au compère de la cave d'évaluer la qualité du son sur le "downlink" (station de base vers mobile), c'est à dire tel que "rendu" par le mobile testé.

   

Il va sans dire que le compère du rez-de-chaussée, muni de son TEMS, ne bougeait jamais, et veillait à ce que le RXQual, à son niveau, soit toujours impeccable (ce qui a toujours été le cas). Celui de la cave, en revanche, effectuait un petit "circuit", toujours le même là aussi, tout en lisant son texte/en écoutant celui de son collègue.

   

Au rez-de-chaussée, le TEMS, antenne IAT-10 levée, affichait un signal, sur le BCCH, se situant autour de – 65 à – 70 dBm en moyenne.

 

Le RXLev, dans le local de test souterrain, variait entre (au mieux) – 95 dBm et (au pire) – 104 dBm, mesures effectuées avec un 8210, un R520m TEMS antenne d'origine et un Alcatel OT511, qui, tous trois, étaient d'accord à ce sujet. Il s'agit donc réellement de tests menés "en limite de couverture", afin de déterminer le comportement des différents mobiles dans des conditions "extrêmes", sachant que, de toute façon, un mobile qui est capable de s'en tirer dans ce cas-là sera sans doute à même de s'en sortir haut la main dans des situations médiocres sans être aussi dégradées, donc d'être réellement fiable dans la plupart des cas de figure. 

   

Bien évidemment, il s'agit là de tests subjectifs menés dans un lieu précis, avec des conditions de propagation elles aussi particulières au lieu choisi : il ne saurait être question de généraliser à tous les lieux mal couverts, voire disposant d'une configuration différente au niveau de la BTS – par exemple ayant recours à la diversité d'espace en réception, cette méthode permettant de gagner quelques dB supplémentaires sur l'uplink, ce qui n'était pas le cas ici – même si le principe du "circuit" a justement été retenu dans l'idée de rencontrer des conditions de propagation variables…

   

En tout cas, il nous a semblé intéressant de tenter cette expérience "in vivo", dans une configuration que tout un chacun peut être amené à rencontrer (dans sa cave, au fond d'un immeuble mal couvert, dans une impasse ou une arrière cour), alors que les tests conduits dans des chambres anéchoïques par certains distributeurs ou magasines spécialisés ont pour caractéristique principale d'être menés dans des conditions "in vitro" (c'est à dire en laboratoire), et de se baser sur des performances objectives (tel  niveau de champ radioéléctique produit par l'amplificateur haute fréquence du mobile (son émetteur), à une distance "d" de l'antenne de réception, constituée d'un brin rayonnant de gain "y" dans l'azimut "z"), bref, une situation qu'aucun utilisateur de mobiles ne sera jamais amené à rencontrer telle quelle, à moins d'avoir son activité professionnelle dans le domaine de la fabrication de dispositifs rayonnants et/ou des mesures en radiofréquences ;-)…

   

Le GT6, en effet, ne prétend pas remplacer ce genre de mesures. Il en est, à mon sens, complémentaire, car ces tests conduits en laboratoire ne rendent généralement pas compte du comportement réel des mobiles dans une utilisation "quotidienne", où d'autres paramètres auxquels nous avons  "statistiquement" été confrontés ( la capacité de certains mobiles à fonctionner plus ou moins bien dans un environnement clos souffrant d'un fort effet de masque, mais également soumis à la propagation par trajets multiples, phénomènes susceptibles de provoquer des évanouissements et annulations de signal) rentrent fréquemment en ligne de compte, surtout dans un environnement indoor dépourvu d'ouverture, mais couvert depuis l'extérieur par pénétration, à l'instar de la "cave" de Philippe.

   

Ce genre de test "in vivo" comporte forcément plus d'aléas que les mesures réalisés en laboratoire, bien que nous ayons été très attentifs au respect de la méthodologie retenue, de façon à tester chaque modèle dans des conditions aussi identiques que possible (tenus de la même façon, sur l'oreille de droite, main bien dégagée de l'antenne, avec un rythme de lecture calibré en fonction du déplacement du "testeur"), afin que, faute de prétendre obtenir des résultats "en valeur absolue", nous puissions quand même comparer le plus finement possible le comportement de chacun nos cobayes dans l'environnement choisi (car c'est bien là, finalement, le but du jeu !!!!)…

   

Les deux compères, l'un avec son TEMS, l'autre avec ses mobiles divers et variés, étaient tous deux calés sur la cellule BCCH 23 (10, 19, 27, 45) CI 59428, LAC 14592, TA=2, celui de la cave parce que c'était la seule cellule exploitable à cet endroit, celui du rez-de-chaussée parce que le TEMS était bloqué (handovers désactivés) sur ladite cellule. Celle-ci étant dotée de 5 TRX et fonctionnant en saut de fréquence en bande de base, nous avions mis toutes les chances de notre côté pour limiter, autant que faire se peut, les effets des évanouissements sélectifs (évanouissements temporaire du signal sur une fréquence donnée à un instant donné, du fait de mauvaises conditions de propagation).

   

Les résultats obtenus, inutile de le cacher, ce n'est plus un secret ;-), nous ont parfois surpris.

Outre le fait que de nombreux mobiles sont incapables de garantir l'équilibrage du bilan de liaison (c'est à dire que la qualité de la communication n'est pas la même dans le sens uplink et dans le sens downlink), nous avons quand même pu constater qu'en règle générale, c'était le compère installé à la cave qui "entendait le mieux", alors que celui situé au rez-de-chaussée avait nettement plus de mal à obtenir une qualité sonore correcte. Sans doute la grande disparité des performances des amplis haute fréquence des différents mobiles en est-elle la cause principale… il faut dire que la norme GSM (cf. série 05.05, chapitre 4.1.1) est assez souple à ce niveau –  un mobile de classe 4 doit rayonner une puissance de 2 W, soit 33 dBm, mais avec une tolérance de +/- 2,5 dB dans les cas extrêmes, ce qui est quand même énorme (un écart de 5 dB entre deux signaux produits par deux mobiles différents signifie que le signal le plus faible sera 3,16 fois moins puissant que le plus fort).

   
   
Afin de tenter de rendre la lecture des résultats plus aisée pour nous mêmes comme pour les lecteurs, nous avons choisi de classer ces mobiles sur une échelle de 0 à 5, 0 correspondant à la survenance d'une coupure pendant la communication (inutile, en effet, d'accorder sa confiance à un mobile qui ne serait pas capable de "tenir une communication" quelques dizaines de secondes dans un environnement dégradé) et 5 sanctionnant un son parfait, sans aucune altération.
   

Entre ces deux extrêmes :

   
  1

reflète la restitution de borborygmes infâmes, rendant incompréhensible le correspondant, seuls quelques claquements, syllabes isolées et autres gargouillis permettant de s'assurer que l'on est toujours en liaison avec lui.

     
  2

s'applique à une communication hachée, tous les mots n'étant pas intelligibles, le sens général du discours pouvant parfois être "deviné" grâce aux mots demeurés audibles,

     
  3

sanctionne une qualité moyenne, avec présence de distorsions fréquentes altérant parfois les mots, ceux-ci demeurant généralement compréhensibles sans effort grâce au contexte,

     
  4

correspond à une bonne qualité de la communication, seules quelques légères distorsions, n'altérant pas la compréhension des mots, étant parfois remarquées,

     

Etant donné que nous sommes tout en nuances ;-), nous avons "affiné" ce classement en attribuant des "+' t des "-" à chaque note, afin de tenir compte des légères différences entre les mobiles, mais aussi d'un "bon début" de test et d'une "mauvaise fin" ou vice-versa…

   

Les mobiles testés peuvent être classés dans cinq catégories qui, de la "plus mauvaise" à la meilleure", sont les suivantes :

 

E : Les mobiles ayant coupé au cours de la minute de communication. Dans tous les cas sans exception (Sendo D800 mis à part, pour lequel le doute subsiste), la coupure a été vraisemblablement  provoquée par le "timer" de la BTS (dispositif de décompte du temps déclenché, lors de la perte de la liaison, à l'issue duquel le retour en mode veille est de rigueur, sauf si le signal est "revenu" entre-temps) et non par celui du mobile ; en effet,  j'entendais à chaque fois, dans mon "trou" au sous-sol, un son d'une "qualité suffisante" jusqu'à l'interruption brutale de la liaison. Par conséquent, on peut supposer qu'il y a de grandes chances que ce soit la faiblesse du signal reçu par la BTS sur la liaison uplink qui a été la cause de ces interruptions (et non la perte du signal "downlink" conduisant le mobile testé à mettre fin à la communication après un "long silence" consécutif au déclanchement du "timer" interne ad hoc, causé par la perte du signal sur la voie descendante), comportement qui tendrait donc à incriminer la piètre performance de l'ampli HF (et/ou du dispositif rayonnant) des mobiles en cause. Leur bilan de liaison (capacité d'assurer la continuité des communications en temps réel tant sur l'uplink que sur le downlink) est donc exécrable car ladite liaison se révèle être, par nature, fortement et intrinsèquement déséquilibrée.

Cette catégorie est donc éliminatoire, mais néanmoins, même au sein de celle-ci, certains modèles se sont mieux comportés que d'autres, laissant supposer que la coupure n'aurait peut-être pas eu lieu si le signal avait été légèrement supérieur : il demeure donc intéressant de proposer un classement au sein même de cette catégorie, pour les éventuels mordus des mobiles qui y sont représentés… Même si, quoi qu'il arrive, il ne faudra sans doute jamais s'attendre à des miracles de leur part, étant donné leurs performances catastrophiques, ce qui limite nettement leur attrait relatif (mais sait-on jamais, un presse-papier "SG-2000", ça pourrait devenir furieusement tendance)…

   
   
 

D : Les mauvais mobiles ; Guère meilleurs que leurs prédécesseurs, le principal mérite des modèles peuplant cette liste est… de n'avoir pas coupé durant les tests : Etant donné que tous ont été conduits dans les mêmes conditions, on  peut supposer que ces mobiles-ci sont un peu plus performants, notamment au niveau "émission", que ceux de la catégorie D. Il est également utile de préciser qu'un déséquilibre des performances entre l'uplink et le downlink (déséquilibre de la liaison) est rédhibitoire à ce niveau de performances étant donné que s'ils sont mauvais sur l'une des voies mais nettement meilleurs sur l'autre, cela ne sera pas d'une grande aide pour communiquer car impliquant, trop souvent, l'inaudibilité de l'un des deux correspondants ("Allô, tu m'entends ? Je ne t'entends plus, moi – mais oui je t'entends ! – Allô, tu m'entends ? – Mais OUI, JE T'ENTENDS, je te dis !!!! – ALLÔ ? Tu m'entends ?" Etc…).

 
 
 

C : Les mobiles "moyens" : Ni vraiment médiocres ni susceptibles d'être considérés comme bons : Les modèles de la catégorie C auraient sans doute été utilisables à peu près "normalement" si les conditions de test avaient été moins sévères. Néanmoins, ils se caractérisent tous par des performances uplink inférieures à "3" et par un bilan de liaison médiocre. A utiliser en priorité en ville, et encore, pas dans les zones les plus mal couvertes, sinon, on risque vite de se retrouver dans le cas de figure des mobiles de la catégorie précédente…

   
   
 

B : Les bons mobiles : Dans cette catégorie, on commence à trouver des modèles réellement fiables, c'est à dire que l'on peut comprendre ce que dit son correspondant tout en étant soi-même (à peu près correctement) compris dans les conditions de notre test. Nul doutes que si ces conditions avaient été un peu meilleures, ils s'en seraient tirés haut la main…

 
   
 

A : Les excellents mobiles. Rien à dire, même des cette situation extrême, ils ont permis d'assurer les communications dans des conditions quasi-parfaites, sans gêne notable pour leurs utilisateurs.

   
   
     

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